C'est un « roman d'aventures » d'un genre particulier que Dinah Miami. Inspiré directement d'un reportage de Mac Orlan paru en 1924 dans L'Intransigeant, ainsi que par les autres histoires de pirates qui sévissent sur l' « Avenue du Rhum » au temps de la prohibition, ce roman déjoue les attentes du lecteur. Les pirates de Dinah Miami ne hissent pas le pavillon noir mais font plutôt usage de mitraillettes, et en guise d'aventures, ce sont plutôt les mésaventures de Mathieu Cauwin que nous conte ce roman. Manipulé par Dinah Miami, femme fatale à la peau d'ébène, Cauwin joue malgré lui le premier rôle dans une machination qui le dépasse : l'alcool qu'il vend au large des États-Unis est à l'origine d'une étrange épidémie. L'abordage du Rose-Marie II est un acte politique : s'organisant en « un genre de Ku Klux Klan, mais composé par des noirs », les révolutionnaires tuent, par là où ils ont péché, les riches blancs américains amateurs de champagne. Dinah Miami est aussi la peinture d'une époque inquiète et trouble, hantée par la crainte de la « lutte des races », du péril noir et de la lutte des classes.
Zacharie Signoles