La Bandera, 1931
Pierre Gilieth vient de quitter Rouen où il a tué un vieillard, croyant – faussement – en tirer un profit substantiel. À Barcelone, où il se sent démuni et menacé, il s’engage dans la Légion espagnole et est affecté au Maroc, au camp de Dar Riffien. Il s’y lie avec un certain Lucas, dont il suspecte néanmoins le comportement un peu trouble. De fait, celui-ci est un policier espagnol lancé à ses trousses, mais qui tarde à le dénoncer car il risquerait de perdre la belle Aischa, une prostituée dont il est amoureux mais que Gilieth manipule à sa guise. Finalement les deux hommes concluent une sorte de pacte tacite, avant que Gilieth soit tué lors d’un affrontement. Quant à Lucas, il sera renvoyé de la police à cause de ses hésitations et finira par retourner à la Légion. Les deux ennemis sont devenus des doubles ; le justicier et l’assassin connaitront tous deux le destin désespéré et désespérant du légionnaire (légionnaire que fut aussi le propre frère de l’auteur, mort deux ans auparavant). C’est cette dimension pessimiste et ambigüe qui disparait dans le film réalisé (fort bien du reste) par Julien Duvivier en 1935, où – cinéma oblige – l’amour et l’amitié prévalent sur les relations plus troublantes de l’original.
P.B.